Inauguration TV Prod / Frédéric Ledoux - Président

Madame La Ministre, chers professionnels du monde de la télévision, chers confrères, chers journalistes,

C’est avec plaisir que les 19 membres de TV Prod vous accueillent pour vous présenter notre union professionnelle des producteurs TV de Wallonie et de Bruxelles.

Cette union, c’était un peu l’arlésienne du secteur…. En effet, alors qu’il existe des plateformes pour représenter les producteurs TV dans tous les pays, alors que chez nous tous les secteurs culturels sont représentés, les producteurs TV n’étaient pas encore fédérés.

Et ce n’est sans doute pas un hasard si TV Prod naît au moment où le paysage audiovisuel connaît un big-bang et se mondialise, comme l’actualité nous l’a encore montré ce matin…. Au moment aussi où des initiatives publiques sont mises en place pour contribuer au développement du secteur, et nous nous en réjouissons !

Et pourtant, la production indépendante est heureusement et depuis longtemps une réalité sur notre marché. Alors que nous espérions rassembler tout au plus une dizaine de membres pour nos débuts, nous avons atteint le double, puisque nous sommes déjà 19, et de nouveaux membres devraient nous rejoindre sous peu.

Pour vous donner un ordre d’idée, nos membres ont contribué à 766 heures de diffusion télévisée l’année dernière , et ont généré de l’emploi pour 165 équivalents temps plein, dont plus ou moins 60% de salariés et 40% de prestataires, réalisateurs, journalistes, caméraman, monteurs, etc.

Ces membres sont pour une part des producteurs indépendants qui collaborent avec de plus grosses structures, et pour la majorité des sociétés des productions qui créent et produisent des programmes originaux, de flux comme de stock : magazines, jeux, fictions, séries, programmes courts ou longs, etc

Une image vaut mille mots, 25 images par seconde en valent donc beaucoup, et je vous propose de découvrir un aperçu de leurs productions à l’écran :

J’imagine que aurez reconnu une bonne partie de ces programmes, qui valorisent notre identité,

Mais il faut se rendre compte qu’ils ne sont qu’une oasis dans le désert, car la production indépendante en Wallonie et à Bruxelles est un modèle réduit de ce qu’elle pourrait être !

Alors, nous n’allons pas jouer les Calimero, ce n’est pas l’esprit de TV Prod, mais pour se fixer des objectifs, il faut d’abord savoir d’où l’on part.

Et si on compare à nos voisins directs on se rend compte que nous avons beaucoup de chemin à faire !

En France par exemple, la production indépendante représente 84% du volume produit pour la télévision, avec un chiffre d’affaires de 727.000.000 € , et c’est donc une véritable industrie !

Cela représente 4.870 heures de programme annuel, sur un marché qui est certes sans commune mesure avec le nôtre.

Mais si nous comparons avec la Flandre, qui nous est plus proche, nous constatons que la production indépendante y représente 1.869 heures de programme annuel.

Ce qui veut dire que là où nos voisins français diffusent plus de 13 heures de production indépendante chaque jour, là où le spectateur flamand peut découvrir au quotidien plus de 5 heures de programmes issus de la production indépendante, elle se limite chez nous à 2 heures par jour.

Et la différence s’accentue encore si on regarde le type de programme, car nos collègues flamands et français ont la chance de travailler beaucoup plus que nous sur des émissions et des fictions de prime-time, avec des budgets en conséquence.

Là où nos voisins ont donc créé une véritable industrie, nous sommes pour notre part dans un marché de niches, avec des entreprises de petite taille, qui emploient 5 fois moins de personnel que chez homologues du Nord du pays.

On peut donc faire le constat que la production indépendante est chez nous un secteur en devenir, qui est loin d’avoir atteint son potentiel.

Or, nous savons tous qu’au sein à un paysage audiovisuel bousculé par l’arrivée de nouveaux acteurs mondiaux, les diffuseurs devront être plus que jamais proches de notre public, de sa culture, de son vécu, et c’est précisément ce que les producteurs indépendants peuvent apporter aux diffuseurs!

La tendance générale sur les marchés européens est d’ailleurs de renforcer la production locale, et de diminuer les achats de productions étrangères.

Mais on ne va pas faire preuve d’angélisme, c’est un véritable défi qui nous attend ! Car pour les diffuseurs comme pour les producteurs, la taille réduite de notre marché et ses limites en matière de revenus publics ou privés via la publicité sont une sérieuse contrainte.

Heureusement, comme Astérix nous l’a montré, on peut être petit et performant !

Nos collègues du cinéma ou de la mode ont brillement démontré que le succès était possible dès lors qu’on fédérait les énergies.

Nos confrères flamands l’ont prouvé, sur des marchés d’une taille proche de la nôtre, où le développement de la télévision a créé une dynamique de succès qui s’est étendue au cinéma, et même aux arts de la scène.

Car si l’écran TV est petit par sa taille, quoi qu’il grandisse chaque année, il est énorme par sa puissance :

Au bout du monde par exemple, savez-vous que la Corée du Nord est confrontée à un danger plus grand que celui de l’armée américaine : les séries de Corée du Sud, qui sont visionnées au Nord et qui lézardent la façade d’un sinistre régime installé depuis des décennies.

Aux Etats-Unis justement, ou la télévision est le métier qui attire désormais les plus grands noms, de Steven Spielberg à Robert De Niro, en passant pas Martin Scorsese, ou Isabelle Adjani et Luc Besson en France.

Sans oublier le Danemark, dont les séries ont fait la renommée dans le monde entier en quelques années à peine.

Chez nous, dans un futur proche, chacune des nouvelles série de fiction à budget raisonnable devrait être partagée par près de 3.000.000 de spectateurs cumulés sur une saison !

La télévision, ce n’est donc pas une dépense mais c’est un investissement très rentable dans notre fierté et notre culture populaire, et dans ce sentiment d’appartenance qui nous fait encore trop défaut.

Un investissement que les producteurs indépendants peuvent faire fructifier, car ils sont affûtés par des années de pratique sur un terrain aride, qui ne demande qu’à porter ses fruits dès qu’il sera irrigué !

Pour cela, nous avons un message : Nous proposons à tous les acteurs concernés par le futur de notre télévision de nous rejoindre pour trouver ensemble les moyens d’y parvenir.

Nous pensons bien entendu à nos partenaires les diffuseurs privés et publics, mais aussi à la Fédération Wallonie Bruxelles, au CSA, à Wallimage et Bruxellimage ou encore à WBI car les programmes sont aussi des produits que nous pouvons exporter, et j’en oublie certainement bien d’autres qui peuvent apporter leur pierre à l’édifice.

Sachez-le, nous avons déjà de nombreuses propositions à mettre sur la table, afin de trouver ensemble les moyens de pousser les murs pour que la production TV prenne la place essentielle qui doit être la sienne.

On peut évoquer par exemple tous les mécanismes qui pourraient soutenir la conception de programmes, et leur promotion à l’étranger.

Une des pistes est celle du fameux Tax-Shelter, qui s’applique déjà aux fictions télévisées mais pas aux programmes de flux, jeux et télé-réalité par exemple

On peut aussi se demander comment on pourrait favoriser la diffusion de plus de programmes locaux, afin de créer une dynamique vertueuse auprès de notre public ?

On peut aussi penser, dans le futur, à organiser ou co-organiser une cérémonie, un festival qui récompenserait les meilleurs programmes et donnerait un coup de projecteur sur la profession.

Autant de thèmes dont nous pouvons discuter dans les mois à venir, sans wishful thinking mais un bonne dose de pragmatisme.

Pour conclure, j’appelle tous nos membres à me rejoindre afin que chacun puisse identifier ceux qui constituent les forces vives de TV Prod.

 

Je vous remercie pour votre attention.

 

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